« Hakuna Matata » Jessie & Timon S. Merkat

« Merci... »Jessie grogna entre ses dents un maigre remerciement. Les médecins quittèrent sa chambre. La jeune femme croisa alors les bras contre sa poitrine, grimaça en faisant un faut geste avec son poignet, le cognant contre une barre de métal de son lit. Malgré le plâtre qui maintenait son os cassé immobile, le choc résonna dans son bras qui lui arracha un second grognement de rage. Les responsables du bloc dans lequel la jeune femme avait été hospitalisée venaient de lui annoncer qu'elle pourrait bientôt sortir de l'hôpital. Elle qui espérait avoir de meilleures nouvelles, s'en tirait avec la seule autorisation de se balader dans les corridors. Ce qui ne lui plaisait en aucun cas. Ce qu'elle voulait, c'était être là dehors ! Oublier pour un bon moment ces murs blancs et ne plus entendre ces incessants moniteurs qui contrôlaient sa vie depuis trop longtemps. Un mois dans cet endroit avait réussi à rendre la si joviale Jessie en une bête féroce. C'était à peine si elle mordait les infirmières et assommait les médecins. Alors qu'elle fulminait, calée dans son lit d'hôpital, la jeune femme eut soudainement une idée.

C'était plutôt une envie qu'une idée. Elle s'empara du trépied qui transportait la poche qui était connectée à son bras, plus précisément dans le creux de son coude, par l'intermédiaire d'un fil conducteur. Lentement, toujours pour éviter les douleurs que lui causait sa cage thoracique endommagée ainsi que ses membres engourdis par le trop peu d'activité, Jessie se redressa avant de glisser en bas de son lit. La jeune femme n'avait pas de vêtement autre qu'une robe déchirée qui gisait encore dans la poubelle et une jaquette qu'elle portait depuis son arrivée. Elle avait bien sûr été lavée depuis le temps. Mais elle ne lui plaisait toujours pas.

Depuis son arrivée à New-York, la rouquine avait développé un goût plus ou moins prononcé pour la mode. Les vêtements, la jeune femme les aimait. Sauf ce morceau de tissus affreux et inconfortable. Chandail long qu'elle traînait à contre coeur. Arrivée à l'embrasure de la porte, la rouquine s'arrêta un moment. Elle était hésitante. Passant outre ce moment de questionnements, elle s'engagea dans le couloir. Qui pouvait-elle bien croiser ? Ce n'était certainement pas de ses connaissances qu'elle pouvait bien voir dans ces couloirs d'hôpital vide par cette heure tardive. C'est sur cette pensée qu'elle percuta quelque chose. Plutôt quelqu'un. Sous l'impact, elle fut propulsée contre le mur. Elle porta dans un gémissement sa main plâtrée contre ses côtes, et se laissa glisser le long du mur, se laissant choir sur le sol froid.

Ses jambes nues frémirent au contact du plancher. Alors qu'elle se confondait en excuses, Jessie ouvrit les yeux pour regarder l'homme qui s'était trouvé sur son chemin.« Je suis désolée... »

« Hakuna Matata » Jessie & Timon S. Merkat

« Je ne suis plus moi-même si vous voulez savoir. Et je m'en éloigne chaque jour passé dans cette foutue ville grise, dans ce monde de fous ! »La jeune femme donna un grand coup de bras désespéré en l'air, la mine dépitée. Elle appuya un instant sa tête contre le mur avant de soupirer et de porter son attention sur l'homme qui était à présent penché au-dessus d'elle et qui essayait de la relever. Lui offrant un de ses bras et déplaçant ses jambes de manière à pouvoir forcer, la jeune femme prit appui sur l'avant-bras du dénommé Timon. « Oh, au fait, enchantée Timon ! »

Une fois debout, elle tendit sa main enrobée du plâtre coloré. Alors qu'elle s'aperçut de l'absurdité de son geste, elle ne pouvait offrir une poigne de main convenable à quelqu'un dans cet état, elle pouffa de rire et lui tendit l'autre main, tout aussi sourire. Peut-être ses lèvres s'étiraient elles en un lumineux sourire, encore plus éclatant vu le sur-éclairage fourni par les néons du couloir de l'Hôpital, mais ses yeux ne brillaient pas autant. La jeune femme était distante. Le moral était au plus bas et ce n'était pas dans un tel endroit que ça allait améliorer les choses. Jessie était désespérée et déprimée. Les murs de l'établissement se refermaient sur elle. Et ceux de son âme en faisaient de même.

« Hakuna Matata » Jessie & Timon S. Merkat

La jeune femme rigola doucement. Cet homme était bizarre et il était drôle de surcroît. Jessie passa doucement sa main dans ses cheveux, et prit appui sur son trépied. De haut en bas, elle le dévisagea, sans retenue quelconque. Il était blond, et ses cheveux dépassaient d'un épais bandage autour de la tête, ce qui piqua la curiosité de l'ancienne poupée qui se prit une note mentale de lui demander ce qu'il avait eu pour atterrir ici. Timon était beaucoup plus grand qu'elle, mais n'était pas beaucoup plus large. « Vous avez raison ! Ça pue ici ! »

C'est alors qu'il se mit à chanter. Surprise, Jessie eut un petit mouvement de recul. La rouquine fronça les sourcils et s'arrêta dans sa fuite lente et progressive. Elle se concentra sur les paroles de Timon. C'était terriblement accrocheur ! Peu à peu, un sourire étira les lèvres de la jeune femme qui revint sur ses pas, s'avançant avec confiance vers l'homme blond qui continuait de danser et de chanter. Alors qu'elle allait ouvrir la bouche pour l'accompagner, une infirmière vint avertir Timon qui coupa son solo en plein milieu, au grand désespoir de Jessie qui commençait réellement à être remontée par les simples mots du refrain. D'une main faible, elle tira doucement la manche de Timon, et chuchota pour ne pas alerter une seconde fois la dame en uniforme.« Tu m'apprends les paroles et je t'accompagnes ? Et puis, ça ne peut pas faire de mal aux gens qui fréquentent l'endroit, j'y suis depuis un bon moment, depuis trop longtemps si tu veux mon avis, même si tu le voulais pas le voilà, et je peux t'assurer que j'aurais bien voulu connaître cette chanson plus tôt ! »

Et la voilà, un pas dans ce qu'elle avait toujours été. La bavarde petite rouquine qui ne laisse pas une chance d'en placer une. Elle sourit, de ce sourire contagieux qui l'avait toujours accompagné autrefois. Deux belles rangées de dents blanches. D'un regard vif et furtif, Jessie s'assura que la voie était à nouveau libre. Une fois la rabat-joie éloignée, la jeune femme agrippa le bras de Timon et s'aida de ce dernier pour se mettre à côté de lui, glissant derrière la nuque de Timon, ce qui lui demanda de s'étirer et de se mettre sur la pointe des pieds. Alors, doucement, elle entama de mémoire la chanson que le blond lui avait chanté et qui avait porté ses fruits sur la jeune femme.« Ces mots signifient,
Que tu vivras ta vie,
Sans aucun soucis,
Philosophie,
Hakuna Matataa »

Au fur et à mesure que la jeune femme avançait dans la chanson, elle entraînait sans vraiment sans rendre compte, son nouvel ami dans une danse, balançant tour à tour sa jambe vers l'avant. Plus les mots sortaient de sa bouche, plus Jessie chantait fort. Heureusement, la jeune femme chantait juste, et même très bien, ce qui la surpris d'abord, mais elle outre passa ce détail pour se laisser aller complètement. Hochant la tête de chaque côté, elle faisait de grands jeux de cheveux, agitait les mains et riait. Jessie riait comme une enfant.

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Jessie se sentait en quelque sorte, revivre à travers cette chanson si communicative et contagieuse. Malgré ses blessures et ses frais handicaps, elle ne s'empêcha pas de danser malgré tout, entraînée par les rimes et les mélodies. Il lui était difficile de refuser une danse, que ce soit sur le tourne-disque ou sur un ton plus espagnol, Jessie n'en manquait pas une. Et cet homme lui fournissait une occasion de plus de se laisser aller. Elle ne le remercierait jamais assez.

Bien vite, plusieurs patients et infirmières se joignirent aux deux gens qui à tue-tête chantaient Hakuna Matata dans les couloirs de l'hôpital. La petite troupe se déplaçait de blocs en blocs, dans le plus étrange des festivals. Alors que les paroles tiraient sur leur fin, du moins, ce que la jeune femme était capable d'en présumé, Jessie tourna sa tête pour regarder Timon, des sourires dans les yeux. Naturellement, la rouquine ne se concentrait plus sur ce qu'elle faisait ni sur ce qu'elle disait et les paroles trébuchaient dans sa bouche, autant que ses pieds s'emmêlaient dans les pas de danse. Bien vite, la jeune femme chancela, et du s'accrocher au trépied supportant le soluté relié à son bras. Dans un petit cri, la jeune femme se retrouva vite fait bien fait les quatre fers en l'air sur le parquet reluisant de l'établissement. Surpris, tous ceux qui les accompagnaient se turent avant de se disperser sans même prendre le temps d'aider la jeune femme.

Couchée sur le sol en étoile, Jessie fixait le plafond. Son corps était secoué de spasmes. La rouquine riait aux éclats. Si un médecin était venu à passer, il l'aurait aussitôt envoyée au département de fou allié. Son fou rire s'estompant, la jolie rousse se redressa et se passa une main dans les cheveux, frôlant sa longue et large cicatrice encore douloureuse et saillante.
« J'imagine que ce n'est pas la fin appropriée ! Pardon. »


Elle releva la tête, la renversa plutôt, se cassant presque le cou pour regarder Timon d'en bas. « Elle est de vous cette chanson ? Qu'est-ce qui vous a inspiré ? »

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Un grand final ? Jessie se sentit flattée par les propos du grand blond qui encore l'aida à se relever. Timon répondit alors à ses questions. Réponses qui ne firent que surprendre la jeune femme alors que son cerveau accrocha sur encore quelques mots qui confirmaient les doutes que la jeune femme avait concernant l'origine de cet homme encore étranger. Comme elle ne connaissait aucun Timon, et encore moins de Pumba, nouvellement cité par son dit meilleur ami, elle en déduit qu'il n'était pas du même monde qu'elle, mais du moins, du même univers. Souriant de plus bel, la jolie rousse gloussa alors qu'il parlait d'un singe. Portant sa main plâtrée devant ses lèvres rieuses, Jessie resta silencieuse jusqu'à la fin des explications de l'homme blond.

Alors qu'il se disait plus joyeux, Jessie regarda de droite à gauche, et repérant une porte ouverte, s'empara du poignet de Timon, le tirant à sa suite dans la pièce, chambre de patient déjà occupé par un homme qui ronflait dans son lit. Tirant le rideau qui entourait le lit, la jeune femme poussa le grand blond jusqu'à la fenêtre, à l'autre bout de la pièce. Se frustrant quelques fois contre le trépied dont les roues bloquaient, elle s'arrêta près du rebord de la grande baie vitrée, et y appuya un coude avant de l'enlever. Elle était énervée et ses yeux brillaient de curiosité.
« Sois honnête. Tu n'es pas d'ici non ? Je veux dire... de ce monde ! Tu es autre chose... un animal peut-être puisque tu me parles de singe ? Dis-moi s'il-te-plait ! »

Elle tira deux ou trois coups sur la manche de Timon, l'air suppliant.
« Cette chanson est fantastique ! Parle-moi de ton monde ! »

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Jessie n'en croyait pas ses oreilles. Elle était là, à parler avec ... un animal ! Et en jaquette d'hôpital en plus. Qui aurait pu croire, même imaginer, pareil scénario ! Pas elle, en tout cas. Ébahie, abasourdie par les propos fantaisists de Timon, la rouquine fronça les sourcils. Mangouste ? Phacochère ? Hyènes ? Qu'étaient-ce donc que ces bestioles ? Dans quel monde existait-il pareils animaux ?

Voulant mettre des images sur les mots du grand blond, la jeune femme effectua un geste désormais familier, celui de plonger sa main dans sa poche arrière de pantalon pour en tirer son téléphone portable. Alors qu'elle glissait sa main au bas de ses reins, elle ne rencontra que sa fesse droite. Aucun relief rectangulaire. Que la forme rebondie de son postérieur. De plus, il n'y avait pas plus de trace d'un jean. Misère ! Ce n'est qu'à ce moment, alors que la panique la submergeait, qu'elle réalisa que son cellulaire gisait sur sa table de chevet dans sa chambre d'hôpital et qu'elle se rappela qu'outre sa tenue d'hôpital, elle n'avait pas d'autres vêtements. Pouffant face à cet égarement de sa part, Jessie pencha légèrement la tête sur le côté.
« Ça ressemble à quoi une mangouste ? »


Alors qu'il continuait de lui illustrer son mode de vie, la jolie rousse le regardait sans dérogation si retenue, absorbée par tous les paysages décrits ainsi que les opportunités d'aventures qui semblaient fuser d'un endroit de ce genre. Elle fut peinée de l'arrêt marqué par Timon, dans son récit descriptif de son ancienne vie. Surtout qu'il lui demandait à présent de faire la description de son univers, qu'il lui passait le flambeau de la parole. Sur tout autre sujet, la jeune femme se serait réjouie, mais raconter l'histoire de sa vie d'antan et ses détails la bouleversait chaque fois et lui dérobait sa langue.

La mine sérieuse, pour être bien certaine qu'il était impossible pour autrui d'espionner leur conversation, à teneur étrange pour des New-Yorkais pure souche, Jessie sautilla de son pas à nouveau léger jusqu'au rideau qu'elle-même avait tiré, traînant avec elle son fidèle trépied. La jeune femme écarta alors légèrement la toile pour n'y laisser passer que sa tête, lui confirmant d'un regard que le bonhomme dormait. Elle revint donc auprès de Timon, près de la fenêtre.« Tu vois, moi aussi, je ne suis pas humaine. En fait, je suis une ... poupée représentant une cowgirl, image tirée d'une célèbre émission pour enfants. »


D'une traite, en un souffle, elle avait craché le morceau. Et comme elle s'arrêtait de parler, elle remarqua que la pièce était anormalement silencieuse. Le patient avait arrêté ses horribles ronflements. Retenant sa respiration, espérant que ce n'était que parce qu'il changeait de position, la demoiselle s'approcha lentement du rideau. Vivement, elle tira la toile, montrant à la lumière aveuglante des néons, un homme dont une main était levée, tremblante, et dont l'index était pointé dans leur direction, pendant que l'autre était partiellement cachée par les draps. S'attardant à cette main en particulier, Jessie remarqua qu'un des doigts appuyait fermement sur le bouton rouge d'un petit interrupteur, qui servait aux patients pour appeler les infirmières.

Les yeux ronds comme des ballons, Jessie glissa lentement sa main dans celle de Timon, attrapant de l'autre son porte-soluté. Alors que l'homme allongé entrouvrait les lèvres pour dire ou crier quelque chose, comme une fusée, la rouquine sortit de la chambre, alors qu'une garde-malade apparaissait dans l'embrasure de la porte. Tirant, pour la seconde fois en peu de temps, l'homme d'Hakuna Matata à suite, Jessie pénétra en trombe dans sa chambre et ferma violemment la porte derrière eux, après une course effrénée dans les couloirs, évitant les employés, contournant les civières et les fauteuils roulant.« On a eu chaud ... Ce type allait nous faire envoyer à l'asile. »

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La jeune femme posa une de ses mains sur sa cuisse et serra d'une légère pression, tandis que de l'autre elle s'accrochait à son porte-soluté. Penchée par en avant, elle tentait de reprendre sa respiration. Secouée par des spasmes haletants, la rouquine peinait à retrouver un rythme de souffle normal. Elle était encore faible, malgré son caractère de feu et sa volonté de fer. Jessie pouvait bien vouloir sortir de l'hôpital à tout prix, jamais elle ne pourrait accomplir ses tâches toute seule. Et l'idée que les garçons prennent soin d'elle la mettait horriblement mal à l'aise. Dans l'esprit de la jeune femme, c'était à elle de prendre soin des autres, pas le contraire.

Elle laissa Timon s'asseoir sur son lit et quant à elle, la demoiselle alla choir dans une chaise non loin, disposée là par et pour une infirmière. La seule qu'elle autorisait à lui toucher la tête. Joignant ses deux délicates menottes, la jeune femme les serra entre ses deux genoux quelque peu dénudés. Devant le regard enthousiaste du blond, Jessie ne put s'empêcher de sourire et secoua doucement la tête.

« En effet, j'étais une poupée représentant une cow-girl. J'ai d'abord été le jouet préféré d'une fillette avant d'être vulgairement oubliée et abandonnée dans un carton. Puis, j'ai été trouvé par un collectionneur, car dans mon monde, je suis l'unique poupée Jessie. C'est chez lui que j'ai rencontré Woody. Nous étions destinés vivre au Japon, dans un musée. Mais Woody ne voulait pas... Il nous a donc proposé à aux autres et à moi de se joindre à lui pour retourner chez son propriétaire, Andy Davis. Et c'est à partir de ce moment que ma maison est devenue celle d'Andy. »


La rouquine marqua une pause, passant une de ses mains dans sa dense chevelure mêlée. Se battant à peine une seconde avec un noeud, Jessie en revint à son récit. Elle contournait les détails trop personnels, étant encore sensible sur quelques sujets à propos de son passé, assez tumultueux pour un jouet. « Je te fais les grandes lignes, il y tellement de choses à dire et en maintenant tellement rien. »


Elle s'interrompit alors. Une dame en blouse blanche avec un stéthoscope autour du cou entra sans s'annoncer. Jessie grogna, sa bonne humeur s'envolant à sa simple vue. La femme se dirigeait vers le pied du lit où y était accroché une planchette avec le dossier de la jeune femme épinglé dessus. Elle le parcourut brièvement, cochant à quelques endroits, griffonnant ici et là avant de le remettre dans la petite boîte transparente de plastique. Il était évident qu'elle ne s'annonçait pas. La jeune femme devait être seule et boudeuse, comme à l'habitude, puisqu'elle n'avait eu qu'une visite depuis son introduction aux urgences. C'est pourquoi le médecin fut étonnée de la voir accompagnée d'un grand homme blond avec un bandage sur la tête. Secouant sa tête comme si ce n'était qu'un mirage, elle s'orienta vers Jessie, qui avait une grosse boule dans la gorge. D'un geste professionnel, la dame changea la poche de soluté presque vide, et lui demanda son autre bras, le creux du coude vers le plafond bien ouvert. Dans une grimace, la rouquine accompagna la piqûre qui lui était faite au bras. Alors que son traitement ainsi que la vérification de sa large blessure à la tête furent terminés, la demoiselle chassa grossièrement le médecin hors de sa chambre, et s'appuya sur la porte fermée de nouveau.« Ici, le monde est gris et impitoyable. Certes, c'est différent, puisque je suis humaine maintenant. Je voudrais rester ici, mais en même temps, je suis très attachée à mon ancienne vie. Enfin... ce n'est pas comme si j'avais le choix ou un moyen de retourner chez moi... »

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Bien que l'histoire de Timon soit tout aussi saugrenue que la sienne, la jeune femme avait toutes les misères du monde à imaginer le grand blond en ce qu'il appelait une «mangouste». Elle prenait note de le regarder plus tard, sur son téléphone qui trônait, immobile, sur sa commode. La rouquine reporta à nouveau son attention sur Timon. Comme elle le comprenait. C'était horrible que de perdre son chez-soi, son habitat naturel, ou son coffre à jouet. Mais c'était encore pire de perdre ceux qui nous sont chers. Nos amis, nos proches, notre famille. Alors qu'elle allait ouvrir la bouche pour ajouter qu'elle compatissait dans sa tristesse et ses grandes questions sans réponse, la jeune femme fut interrompue dans son geste d'amitié par une nouvelle infirmière, dont le visage lui était inconnu. Fronçant les sourcils, Jessie tenta de se mettre en travers de son chemin. Comme si elle l'avait vu venir, la dame l'esquiva vite fait bien fait. Vexée, et surtout orgueilleuse, l'ancienne poupée croisa rageusement ses bras contre sa poitrine et fonça sur elle.

Elle fut arrêtée par un geste de la main impatient, et une mine indifférente à toute agitation. Se cognant à un mur, Jessie s'arrêta, les lèvres entrouvertes, sourcils haussés, plissant son front de quelques rides étonnées. La garde-malade fixait Timon d'un air emplit de réprimandes, avec des yeux sévères. Avant qu'elle ne put faire quoi que ce soit, la jeune femme regarda la dame disparaître dans le couloir, suivit de loin par un grand homme blond qui tardait à sortir de la chambre de la rouquine. Se dirigeant vers son lit, épuisée, la jeune femme sourit à Timon qui lui tendit un bout de papier avec son numéro. Hochant mollement la tête, Jessie le regarda d'un regard brillant. « C'est réciproque ! Je ne manquerai certainement pas de te rappeler ! Prends soin de toi Timon ! »


Jessie posa ses deux genoux sur le matelas moelleux, et gigota pour se retrouver au centre du grand rectangle de mousse. Levant la tête, elle remarqua que son compagnon s'était arrêté dans la porte. D'un geste de la main, Jessie l'incita à continuer sa route. « Ne t'en fais pas pour moi, on se reverra bien assez tôt. Va voir ce que le médecin a à te dire. Peut-être auras-tu de meilleures nouvelles que moi ! Du moins, je te le souhaite ! »


Tout en parlant, la jeune femme s'était allongée et avait recouvert son corps du drap blanc immaculé et de la douillette verte pâle. Sa tête reposait à présent sur l'oreiller et ses yeux se fermèrent alors qu'elle terminait de parler. La pauvre était épuisée. Grande blessée qu'elle était devait maintenant reprendre des forces, pour attaquer une nouvelle journée et supporter tous ses traitements.