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La vie nous réserve parfois de drôle de surprise. Celle que ma mère m'as réservé ce soir là, ne l'était pas du tout. Pourtant, la journée avait bien démarré. C'est un jour où je pouvais faire ce que je voulais. Alors pourquoi ce soir, c'était différent ? La trahison et le dégout devait se lire sur mon visage. Je me sentais démunie face à l'entêtement de ma mère. Des prétendants, des mariages... Qu'est ce que c'était encore cette nouvelle lubie ? Pourquoi vouloir me marier à tout prix ? Je n'étais pas prête ! Malgré tout, je savais au fond de mon cœur que ma mère avait raison. J'étais une fille. Et cela ne me donnait pas le droit de monter sur le trône seule. Tout ça, à cause de vielles lois et traditions stupides d'un autre temps ! La colère s'empara de mon esprit et de mon cœur. Hors de question de subir ça et de vivre comme, elle, elle le voulait. Hors de question de céder à ma mère.

Alors quand les clans ont débarqués, quelques jours plus tard, avec leurs prétendants, ma mère me donna la solution. Le premier né de chaque clan. Rien ne m'empêchais de suivre le tournoi pour ma propre main ! Je suivrais les règles, elle ne pouvait absolument rien dire. Ma mère expliqua alors que le choix revenait à la princesse. Aussi rapidement que possible, comme brûlée par la flamme de l'espoir, je hurlais à l'assemblée que se sera le tir à l'arc. Un silence s'en suivit, accentuée par le regard courroucé de ma mère. Enfin, je suivis les leçons de ma mère et parla avec plus de douceur. Peut être me pardonnera t-elle cet écart ? Mais elle valida mon choix et je soufflais doucement. Elle n'avait pas relevé ce fait.

Bien sur qu'elle n'avait pas relevé. Elle était bien trop excitée par la fête et le tournoi ! Et moi, dans cette foutue chambre dans le château, je respirais à peine, enfermée dans un corset qui m'étouffais lentement, dans une robe de satin bleue, mes cheveux cachés sous un voile blanc de coton. Le poids de la couronne de la princesse me serrait le crâne. Non, là, maintenant, j'avais envie de tout envoyer valser à travers la pièce. Je faisais part de mon embarras à ma mère qui trouvait que ce que je disais était ridicule. Elle m'intima l'ordre de faire un tour sur moi même alors qu'elle semblait ravie, inconsciente de mon inconfort. Elle s'approcha de moi pour me passer un collier d'argent portant le blason de notre famille autour de mon cou. En reculant, elle me fixa de la tête au pied et son sourire disparut pour m'appeler par mon prénom. J'ignorais à ce moment là quelle émotion a pu traverser son visage. J'ai su que c'était de l'inquiétude bien des temps plus tard.

Le tournoi était enfin là. Après de multiple jeux, de repas, l'heure fatidique approchait. J'ignorais si j'étais excitée ou si j'avais peur mais je pouvais sentir mon cœur battre fort dans ma poitrine. Et quand l'annonce du début fut prononcée, je pouvais à peine entendre ce qui se passait autour de moi. Mon cœur bourdonnait dans mes oreilles. Et finalement, je quittais la loge royale et attrapa ma cape et mon arc que j'avais dissimulé quelques temps plus tôt. Et me présenta comme la première née du clan DunBroch et que je concourrais pour ma propre main. Cela n'avait pas plu à ma mère qui me hurla d'arrêter sur le champ. Mais je n'entendais plus rien. Il n'y avait plus que moi, le bourdonnement de la foule, ma colère et mon arc. Je déchirais ma robe pour avoir plus d'amplitude et tira ma première flèche. Dans le centre. Je tirais la seconde qui se ficha dans le centre de la cible également et me concentra pour la troisième. Un souffle, je lâchais la corde. Presque au ralenti, la flèche tourna sur elle même et brisa la flèche planté dans le cœur de la troisième cible, la brisant en deux avant de se planter dans le bois à travers la paille.

Evidemment, cela n'as pas plu à ma mère. Elle était si en colère ! Mais elle ne comprenait rien à ce que moi je pouvais ressentir ! Au bord du précipice, je lui hurlais qu'elle ne comprenait pas et dans ma colère je l'avais traité de monstre. Aussitôt ces mots franchis de la barrière de ma bouche que je regrettais déjà. Mais ma mère brûla mon arc sous le coup de la colère. Elle cria que j'étais une princesse, que je devais cesser de me comporter comme une enfant. Alors c'était comme ça qu'elle me voyait ? Comme une enfant ? Je n'étais que ça ? Une princesse pour obéir aux ordres et porter des enfants ?

J'ignorais si la honte ou si la trahison ou l'humiliation guidait mes pas. Peut être un mélange des trois. Je traversais le château en courant, en pleurant de honte, et de tristesse, incapable d'accepter le choix que ma mère avait fait pour moi. J'enfourchais Angus, mon cheval et sortit au galop des écuries pour fuir le château. Je préférais vivre dans la forêt plutôt que de rester une minute de plus sous le même toit que ma mère. Je laissais Angus suivre le chemin du moment qu'il m'emmenait loin de cet endroit avec un destin funeste et sombre.

Jusqu'à ce qu'il freine des quatre sabots et me propulse au dessus de son encolure. J'atterris lourdement sur le sol quelques mètres plus loin. Par chance, ce n'était que de la terre meuble. A part quelques bleus, je ne risquais pas un membre cassé. Essayant de contenir le flot d'émotion qui menaçait de faire écrouler le barrage de mon esprit, je réussis à gronder Angus jusqu'à ce que je remarque qu'il était incapable de franchir la pierre. Un cercle de pierre ! Je réalisais où je me trouvais. C'était si ancien comme lieu ! Bien plus que l'origine du royaume de mon père. Et c'est là qu'il est apparu. Un feu follet !

Je me souviens alors que j'en avais déjà vu quand j'étais bien plus petite. Il m'avait ramené auprès de mes parents, m'éloignant du danger de la forêt et du monstre qu'elle abritait.

Mor'Du.

C'était ce monstre, cet ours qui avait arraché une jambe à mon père. Il avait la force de dix hommes et rien ne pouvait le tuer. Mon père le pourchasse encore maintenant. Alors, avec l'optique de cet protection, je suivis ce petit feu follet. J'appelais Angus et les feu follets nous conduisirent vers une cabane perdue dans les bois. J'ignorais pourquoi.

J'entrais, me disant qu'ils ne m'avait pas conduite jusqu'ici pour rien. Et j'ai su dès l'instant où j'ai vu le corbeau parler et le balai bouger tout seul. Une sorcière ! C'était une sorcière ! Après une rude négociation, j'ai réussi à lui acheter un sort contre mon pendentif en argent que je portais toujours autour du cou. Une potion pour faire changer ma mère et changer mon destin...

Revenant au château, mon précieux chargement sous la forme d'un gâteau, je me faufilais jusqu'au cuisine. Préparant un plateau avec le gâteau et une infusion, j'allais monter les escaliers qui menaient vers la grande salle du trône quand je fus interrompu par ma mère qui arriva vers moi en trombe. Elle m'informa dans une étreinte qu'elle s'inquiétait pour moi. C'était la première fois qu'elle le verbalisait ! L'espoir disparut quand elle me parla de la réponse à donner pour les prétendants. Aussi, je lui tendis la gâteau. Pressée de savoir si cela avait l'effet escompté, je l'assommais de questions mais elle semblait ne pas aller bien. Je pris la liberté de la guider jusqu'à sa chambre. Elle semblait aller si mal. Mais une fois bordée, le sort s'appliqua. Ma mère fut effectivement bien changé... en ours ! Elle était devenue un ours !!!

S'en suivit les reproches comme d'habitude, les mauvaises réflexions. Et puis, je me rendis compte de mon erreur. Je voulais qu'elle change elle. Pas moi. Mais pas le temps d'y penser. Je devais la faire sortir. Mon père était un tueur d'ours. Il ne pensera qu'à ça en la voyant ! On devait à tout pris sortir du château et retrouver la sorcière pour avoir le contre sort. Se fut difficile mais j'ai pu avoir l'aide de mes trois petits frères. Des triplés qui en faisait voir de toute les couleurs à leurs nourrice, Maud. Il ne parlait pas mais savait déjà préparer des coups digne des plus grand trublions ! Je n'imagine pas à dix sept ans ce que cela donnera...

Une fois dans la forêt, je réussis à retrouver avec beaucoup de peine le chemin qui menait à la maison de la sorcière. Il n'y avait plus rien. Tout était vide. A l'exception du chaudron. Une potion dedans, posé juste à côté et voilà que le visage de la vieille dame apparut dans la fumée. Elle expliqua alors le contre sort. "Re tisser les liens défait par orgueil." Je comprenais rien à son charabia et cela me fis paniquer. Qu'avais je fait ? Pendant trois jours... ma mère transformé définitivement en ours ? Qu'allais je faire ? Dans ma panique, je versais toute les potions dans le chaudron ce qui réduit la cabane en cendre dans une violente explosion. Comme cela ne suffisait pas, la pluie s'abattit pour la nuit. J'ai pu construire un abri vite fait avec les restes de planche de la cabane pour protéger ma mère de la pluie.

Le lendemain matin, j'appris à ma mère comment chasser le poisson après avoir pêché quelques saumons. C'était maintenant à son tour. Elle finit par réussir d'elle même. Mais le sort fit son œuvre et pendant quelques secondes ma mère n'était plus là. J'avais pu le décerner dans ses pupilles devenues complètement noires. Mais cela n'avait duré que quelques temps jusqu'à ce que ses yeux redeviennent lucides. Qu'allais je faire ?

Mais là encore, les feu follets nous ont aidé et nous ont conduis aux ruines d'un ancien château. Mais des pierres cédèrent sous mon poids. Je précisais à ma mère que j'allais bien et commença à lui décrire la cavité dans laquelle j'étais. Cela ressemblait à une ancienne salle du trône. Quatre trône. C'était ça. La légende de ma mère ! Quatre fils. Un qui refusait de se soumettre. Qui s'était changé pour avoir la force de dix hommes pour battre ses frères. Une dalle où était gravé les silhouette des quatre frères, brisée à un endroit séparant un des frères. Je compris alors que le quatrième frère avait usé du même sort. Et qu'il était devenu Mor'Du !

A peine ai je pensé cela que le monstre sortit de sa cachette pour me foncer dessus et m'attaquer. Je réussis à m'enfuir avec l'aide de ma mère. La deuxième journée était passé à une vitesse folle. C'était ça. Comme Mor'du qui avait brisé la dalle, moi, j'avais rompu la tapisserie pendant mon coup de colère lors du tournoi. La réponse était là ! Sous mes yeux depuis le début ! Maintenant, il fallait revenir dans le château.

Se fut facile en passant par le puits. On a réussi à se faufiler sans rencontrer personne par chance jusqu'à ce qu'on tombe sur Maud qui partit en hurlant. Mais il fallait coute que coute réparer la tapisserie. En entrant dans la chambre, elle était toujours accroché au mur, déchirée par un coup de tisonnier. Dieu ce que je pouvais parfois être impulsive. Ce jour là, j'avais traitée ma mère de monstre. C'était avant hier mais j'avais l'impression que cela faisait une éternité. Etais je en train de changer ? Pas le temps de m'attarder. Il fallait une aiguille et du fil. En fouillant dans les malles j'ai pu en trouver une. Mais ma mère avait eu de nouveau une absence. C'était comme hier soir. Oh non, pas maintenant ! De nouveau prise de panique, le cri de Maud pas très loin dans le couloir me fis hérisser les poils des bras. Oh non, mon père !

Il entra en trombe dans la chambre et quand il vit ma mère en ours dans la pièce il se mit directement entre elle et moi comme pour me protéger. J'avais beau lui dire que c'était ma mère, sa femme, il n'y avait plus rien que l'ours sauvage devant lui. L'empressement se faisait sentir et un coup de patte de la part de ma mère sur mon bras fut le déclencheur de la suite. Mon cri réveilla ma mère qui reprit sa lucidité et finit par s'enfuir à travers le château. Mon père m'enferma dans la chambre. Non non non non ! Il allait tuer sa femme, il allait tuer ma mère ! Hors de question de laisser passer ça !

J'ai appelé Maud mais elle n'osa pas se confronter à un ordre direct. Aussi, elle préféra ne pas me libérer. Jusqu'à ce que je vois trois petits oursons. Oh non... les triplés... Après leur avoir demandé d'attraper la clé, je réussis à décrocher la tapisserie du mur. L'aiguille et le fil dans la bouche, je put sortir de la chambre grâce à mes frères et tous les quatre, nous galopions sur le dos de Angus à la poursuite de mon père et de ma mère. Je réussis à recoudre tant bien que mal la tapisserie grâce au fil. Mais la scène qui se déroulait devant moi me fis frissonner de panique. J'ai réagis au quart de tour et attrapa l'épée d'un soldat pour contrecarrer celle de mon père. Quelques prises plus tard dont un crochet sur sa jambe de bois, je le mis à terre. Hors de question de le laisser tuer ma mère. La détermination pouvait se lire sur mon visage éclairé seulement par les flammes de torches dans la nuit intense.

Puis, il y a eu Mor'Du. Il était là, sortant de la nuit et la pénombre. Il a réussit à mettre mon père à terre avant de se tourner vers moi. Il s'est posé au dessus de moi, en hurlant. Franchement, là, j'ai vraiment eu peur. Je hurlais à mon tour. Ma mère se leva alors pour me défendre et mettre Mor'Du à terre. Elle le poussa contre un des menhirs qui formait le cercle de pierre. Mais elle se fit repousser à son tour mais trop tard. Le menhir bascula déjà et Mor'Du fut écrasé.

Le silence régna après le chaos et comme le calme revenu après la tempête, l'âme du prince sortit du menhir pour nous lancer un geste de la tête gratuitement avant de devenir définitivement un feu follet et de s'envoler. Mais l'aube pointait le bout de son nez. Mince, la tapisserie !

Je courrais vers elle pour l'attraper et la poser sur ma mère mais rien ne se passa. Non, c'était déjà trop tard. Le désespoir m'envahis et incapable de gérer le flot d'émotion qui me traversa, je finis par m'écrouler dans les bras de l'ours. Je lui demandais pardon, pardon pour tout les tords que j'avais pu lui causer, que je l'aimais. Que je regrettais tout ce qui s'était passé. Jusqu'à ce que deux bras m'enlacent. Aussitôt, je relevais la tête. C'était ma mère ! Elle était revenue ! Un sourire éclatant traversa mon visage alors que le soleil pointait son dernier rayon de soleil.

Après cet épisode, les trois autres clans sont retournés dans leurs royaumes respectif. Je fus nommée la princesse héritière du royaume de DunBroch et fus éduquée par la suite comme un prince et non comme une épouse. Cela avait changé ma vision des choses et cela avait changé la vision des choses à ma mère. C'était maintenant souvent que nous galopions ensemble dans les bois maintenant que Mor'Du n'était plus là.

Quelques années passèrent. J'avais grandi. Mes petits frères aussi. Ils parlaient maintenant. De vrais pipelettes ! Et faisait toujours les pires crasses à Maud mais en vérité, elle les adorait. Et puis il y a eu ce jour où je devais succéder à mon père en tant que nouvelle dirigeante du royaume DunBroch. Les invasions des hommes du Nord avait cessé également, me transmettant un royaume dans la paix.

Nous avions invité les clans pour l'évènement. Car demain, serait le jour de mon couronnement. J'avais attendu ce moment pendant si longtemps ! Enfin, un évènement pour lesquels nous étions d'accord mes parents et moi. Alors la nuit fut longue mais je devais me reposer pour la nuit, car demain, je ne serai plus une princesse mais une reine.

A peine ai-je trouvé le sommeil qu'un rêve m'emporta. J'étais dans la forêt. Il pleuvait. Je courrais de toute mes forces, poursuivie par un ours immense. Mor'Du était revenu se venger. J'avais tenté de m'échapper mais quand les arbres cessèrent, une falaise apparut mais impossible de ralentir. Dérapant sur le flanc, je tombais dans le vide, embarquant la terre et les épines de pins dans ma chute...

Mais etait ce seulement un rêve ? Cela semblait si réel, cet ours au dessus de moi qui semblait vouloir ma mort...